Lancé il y a quelques années, le lundi vert a eu ses adeptes… comme ses détracteurs. En quoi consiste-t-il, quel en est l’impact et comment le vivre ? Toutes les réponses dans cet article.
Qu’est-ce que le lundi vert ?
Le lundi vert, c’est le nom d’un manifeste lancé en janvier 2019 par Laurent Bègue-Shankland (Pr de psychologie sociale, directeur de la MSH-Alpes) et Nicolas Treich (directeur de recherche à l’INRA, Toulouse School of Economics).
Cette initiative s’inspire directement du Meatless Monday, lancé en 2003 par l’École de santé publique de l’Univesite Johns-Hopkins, à Baltimore, et reproduit ensuite dans une quarantaine de pays dans le monde.
Elle consiste en un acte très simple : s’engager à ne manger ni viande ni poisson un jour par semaine (le lundi).
Cette pratique vise à passer à une alimentation non pas végétarienne, mais flexitarienne, afin d’adopter progressivement des habitudes alimentaires durables.
Pourquoi passer au lundi vert ?
Le lundi vert constitue avant tout une prise en compte d’un modèle économique et alimentaire qui n’est pas intégralement bénéfique. L’alimentation à base de viande représente une empreinte écologique importante. Selon les Nations unies, 14,5 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) seraient imputables à l’élevage, ce qui représente autant que pour l’ensemble du secteur du transport. Par ailleurs, produire une seule calorie de viande nécessite 4 à 11 calories végétales. En Amérique du Sud, 85 % des surfaces qui ont été déboisées dans la forêt l’ont été pour de l’élevage.
D’après le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), une seule journée sans viande par semaine permettrait déjà d’aider à lutter contre le changement climatique.
D’après le manifeste du lundi vert, « s’alimenter avec des végétaux plutôt qu’alimenter des animaux avec des végétaux pour ensuite les consommer permettrait de dégager de 2 à 20 fois plus de protéines par hectare cultivé, et par conséquent de répondre de manière plus rationnelle aux défis alimentaires de la planète dans un contexte de population croissante. » En effet, près de 83 % des terres agricoles mondiales sont destinées à nourrir des animaux. Pour produire 1 kg de bœuf, il est nécessaire d’utiliser 15 500 litres d’eau… Et seulement 131 litres pour 1 kg de carottes.
Du point de vue de la santé, ce qui nous intéresse ici en tant que sportif, une consommation excessive de viande représente également quelques inconvénients. La surconsommation de produits carnés accroît les risques de diabète, obésité, cancer… Il n’est pas question, à ce stade, de s’en priver totalement (d’autant qu’il faudrait trouver ailleurs les apports protéiniques indispensables à l’exercice sportif), mais de réfléchir de manière plus poussée à ce qui est ingéré.
Opter pour un jour systématique sans viande, cela représente un pas facile à passer afin d’adapter ses habitudes alimentaires.
Pourquoi le lundi ?
Si le lundi a été choisi dans de nombreux pays pour se passer de viande et de poisson, c’est parce qu’il s’agit du premier jour de la semaine. C’est beaucoup plus facile, psychologiquement, de démarrer de nouvelles habitudes en début de semaine plutôt qu’à la fin de celle-ci. Ce n’est pas d’ailleurs pas anodin si le lundi vert a été annoncé en janvier.
Par ailleurs, des analystes du web ont repéré que le lundi était également la journée où la santé était le plus au centre des préoccupations. Vu les bénéfices des légumes sur le corps humain, c’était une autre très bonne raison pour leur consacrer cette journée.
Qui a encouragé le lundi vert ?
Un grand nombre de personnalités se sont publiquement engagées en faveur du lundi vert. Une lettre publique, signée par 500 personnes du monde de la recherche, comme de la culture, a ainsi été diffusée dans les médias. Isabelle Adjani, Yann Arthus-Bertrand, Juliette Binoche, Matthieu Ricard, Christophe André font ainsi partie des personnalités favorables à ce mouvement…
Plus de 25 000 personnes se sont aussi inscrites sur le site du lundi vert, ce qui leur a permis de manifester leur engagement, mais aussi d’être soutenu en recevant ponctuellement des mails avec des recettes végétariennes. Ce nombre est pourtant encore bien loin des 500 000 espérés lors du lancement de l’opération.
Par ailleurs, les restaurants universitaires du Crous se sont également lancés dans cette démarche, proposant un lundi vert dans près de 800 établissements.
Une initiative qui a aussi déplu
Malgré l’effort des médias et des personnalités pour encourager le lundi vert, cette démarche n’a pas plu à tout le monde. Un député s’est engagé publiquement à manger de la viande chaque lundi, la présidente du FNSEA a quant à elle proposé un samedi rouge…
Ces crispations démontrent que le lundi vert a parfois été perçu à tort comme une apologie d’un régime végétarien intégral ou comme une mise en cause du monde agricole. Les éleveurs de viande, plus que les autres, se sont d’autant plus sentis en danger que la consommation de viande en France accuse un léger déclin depuis quelques années : elle est passée de 153 grammes par jour en 2007) 135 grammes par jour en 2016 (selon une étude du Credoc). Cela représente pourtant encore trois fois plus que la consommation hebdomadaire préconisée par les nutritionnistes.
D’autres encore ont pointé l’initiative comme une nouvelle contrainte, une restriction des libertés ou une lubie de bobos bien-pensants…
Comment adopter le lundi vert ?
Manger de la viande ou non relève d’un choix personnel. Néanmoins, si vous décidez d’ajouter quelques repas végétalisés à vos menus, cela ne peut pas faire de mal. Au pire, vous découvrirez de nouvelles recettes ! En effet, contrairement à ce que certains prétendent, les plats végétariens peuvent être très riches en saveur.
Pensez à y ajouter des légumineuses pour équilibrer votre alimentation, mais n’oubliez pas : c’est sur une semaine que l’on équilibre ses repas, pas juste sur un jour. Vous ne risquez donc aucune carence en laissant de côté viande et poisson un jour par semaine.
Enfin, si vous avez besoin d’inspirations, voici une liste de 52 recettes adaptées… de quoi tenir toute l’année !